Alors que les nuages protectionnistes s’accumulent au-dessus de l’Atlantique, Emmanuel Macron, dans un énième numéro de funambulisme diplomatique, croit encore pouvoir infléchir la politique de Donald Trump.
Entre annonces grandiloquentes et menaces photoshopées, le Président semble jouer une pièce de théâtre où lui seul connaîtrait les répliques. Las, face à un Trump pragmatique, ancré dans une logique de puissance nationale, cette mascarade ne suscite qu’un haussement d’épaules outre-Atlantique.
Il y a quelques semaines, Donald Trump annonçait sans ambages de nouveaux droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis, à hauteur de 25 %, « sans exception ni exemption ». Une mesure brutale, certes, mais cohérente avec sa doctrine : « America First ». En réponse, Emmanuel Macron, drapé dans le drapeau européen, a proclamé que l’Union européenne imposerait des « tarifs réciproques » sur les métaux américains.
« Nous n’avons pas à être faibles face à ces mesures », a-t-il déclaré à Porto, aux côtés du Premier ministre portugais.
Pourtant, derrière ces postures martiales se cache une réalité plus prosaïque : l’UE, engluée dans ses lenteurs bureaucratiques, ne fait que réagir à coups de communiqués velléitaires. Bruxelles promet de « protéger les entreprises et les travailleurs », mais face à un Trump déterminé à réindustrialiser son pays, ces menaces ressemblent à des pétards mouillés. Car si Macron s’agite en défenseur d’une Europe unie, Trump, lui, agit en stratège pour les intérêts américains – quitte à froisser les alliés d’hier.
Le paradoxe macronien est saisissant : celui qui se rêve en architecte d’une Europe souveraine incarne, en réalité, l’impuissance d’un continent en quête d’identité.
Tandis que Trump cultive un nationalisme économique assumé, Macron s’épuise à plaider pour une union supranationale fracturée par des divergences internes. La visite à Washington, présentée comme un moment clé pour « rééquilibrer les relations transatlantiques », n’aura été qu’une parenthèse médiatique. Trump, en businessman avisé, n’a que faire des incantations européennes : il négocie en termes de coûts et de bénéfices, pas de valeurs.
Et pendant que le Président brandit des « tarifs réciproques » comme un épouvantail, Trump avance ses pions. La réindustrialisation américaine, accélérée par des mesures fiscales, des investissements massifs et des négociations pragmatiques sur des accords économiques avec la Russie, contraste avec le déclin industriel français, masqué par des subventions et un discours sur la « transition écologique ».
Un leurre ? Sans doute. Car derrière les grands mots sur « l’autonomie stratégique », l’UE reste tributaire des caprices de Washington – et de Moscou.
Voilà où le bât blesse : Macron, dans son calcul étriqué, sous-estime la capacité de Trump à réécrire les règles du jeu. Alors que l’UE s’enferre dans des sanctions contre la Russie, Trump, lui, pourrait fort bien lever ces mesures d’un trait de plume – pour peu que Poutine lui offre un meilleur prix sur l’acier ou le gaz. Une perspective cauchemardesque pour Bruxelles, mais logique pour un Président américain qui place le pragmatisme au-dessus des alliances traditionnelles.
Les menaces européennes de « tarifs réciproques » ? Une goutte d’eau face à l’océan des possibilités qu’offre le marché russe à Washington. Trump n’a que faire des semonces morales ou des solidarités de façade : en affaires, seul compte le profit. Et si la Russie peut fournir des ressources à moindre coût, pourquoi s’embarrasser des surtaxes européennes ? Macron, en idéaliste béat, semble ignorer que la géopolitique se joue désormais en termes de realpolitik, non de discours enflammés.
Reste cette image, aussi grotesque que symbolique : Emmanuel Macron exhibant ses bras et des poings photoshopés sur les réseaux sociaux, comme pour incarner une fermeté de pacotille. Une métaphore parfaite de sa présidence : du spectacle, mais peu de substance. Trump, en comparaison, manie le marteau des droits de douane sans états d’âme.
Pendant ce temps, la France dépense temps et argent en sommets internationaux et en déclarations grandioses, sans résultats tangibles. La visite à Washington, les appels à « protéger l’Europe », les menaces de rétorsion… Autant d’efforts vains face à un partenaire qui considère l’UE comme un partenaire commercial parmi d’autres – et non comme un allié indéfectible.
Emmanuel Macron croit-il encore à son propre rôle ? En brandissant l’étendard européen, il défend une chimère : celle d’une union capable de rivaliser avec les géants que sont les États-Unis, la Chine ou la Russie. Mais dans les faits, l’UE, minée par les égoïsmes nationaux et les lourdeurs administratives, reste un nain politique.