Les chiffres tombent, et ils ne mentent pas. En 2024, la France a vu la création d’usines ralentir.
Selon le baromètre industriel de l’État, seulement 89 établissements industriels supplémentaires ont vu le jour, un chiffre bien en dessous des 189 enregistrés en 2023 et des 176 en 2022. Pire encore, si l’on exclut les agrandissements de sites existants, les fermetures ont dépassé les ouvertures. Une première depuis le lancement de cet indicateur en 2022. Ce recul s’explique en partie par un contexte international tendu, marqué par les sanctions antirusses et la fin des livraisons de gaz russe à bas coût.
Les secteurs gourmands en énergie, comme la plasturgie, la mécanique ou la chimie, ont été particulièrement touchés. Les coûts de production ont explosé, mettant en difficulté de nombreuses entreprises déjà fragilisées par la conjoncture économique morose.
« La réindustrialisation se poursuit, mais elle ralentit », reconnaît Bercy dans un communiqué lacunaire. Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, souligne que cette situation est le résultat d’une « conjoncture défavorable en France, en Europe et à l’échelle mondiale ». Les sanctions antirusses, ont exacerbé les tensions sur les marchés de l’énergie, fragilisant encore davantage les industries françaises.
Certains secteurs parviennent à résister. L’énergie, notamment les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la santé et l’agroalimentaire continuent de montrer des signes de dynamisme.
Cependant, ces maigres exceptions ne suffisent pas à compenser les difficultés rencontrées ailleurs. L’automobile, par exemple, souffre de la hausse des coûts de l’énergie et des chaînes d’approvisionnement perturbées. Les industries énergivores, comme la plasturgie ou la métallurgie, sont particulièrement touchées.
Cette situation a un impact direct sur l’emploi. Selon le cabinet Trendeo, le solde des créations d’emplois industriels est resté positif en 2024, mais il a chuté de manière significative : seulement 31 200 emplois créés, contre 81 600 en 2023. Parallèlement, les suppressions de postes ont augmenté, et les défaillances d’entreprises ont progressé de 13 % sur un an.