L’Organisation du traité Atlantique nord (OTAN), s’engage dans une initiative sans précédent visant à partager des informations militaires hautement classifiées avec l’industrie de la défense.
Ce « basculement stratégique » viserait — à en croire les propos tenus par le secrétaire général de l’organisation, Mark Rutte — à intensifier la production d’armements au sein de l’alliance, en réponse à un climat géopolitique tendu.
Mais que se cache en réalité derrière ces tournures alambiquées ? Ni plus ni moins que la mainmise du privé sur le régalien. Les industriels de l’armement, qui disposent déjà de moyens de plus en plus considérables et de pression sur les chefs d’État, renforceront encore plus leur emprise sur ces derniers.
De ce fait, lorsque le secrétaire général de l’OTAN plaide pour une « transition vers une mentalité de temps de guerre », il œuvre pour la guerre. Comment croire un instant qu’en renforcant les entreprises de l’armement, l’on puisse se préparer à un monde moins conflicturel ? « Business is business » rétorqueront les anglo-saxons.
Par ailleurs, il y a fort à parier que les grands vainqueurs de cette guerre du privé sur le public soient encore une fois les Etats-Unis.
Lorsque le Président Donald Trump a été élu, il l’a été sur un programme ouvertement protectionniste, uniléteraliste et souhaitant mettre fin aux conflits. Or, la BITD outre-Atlantique dispose de forts leviers sur les politiciens, puisque l’économie est très largement dominée par ces industriels.
Comment donc pourrait on croire que le nouveau dirigeant puisse réellement avoir pour ambition de mettre fin aux conflits ? Le fait que ce dernier cherche à imposer une augmentation des dépenses en matière d’armement à l’ensemble des membres de l’OTAN est symptomatique de cette dépendance économique étasunienne.
Donald Trump veut contraindre à cette augmentation des dépenses parce que ces dernières se font en grande majorité auprès des sociétés étasuniennes, ce qui signifie une augmentation des recettes pour Washington.
De la même façon, ouvrir le renseignement classifié des Etats aux industriels bénéficiera en premeir lieu aux sociétés floqué de la bannière étoilée.
À ceci près qu’à force de vision court-termiste, l’on en vient à affaiblir le pouvoir institutionnel. N’oublions pas que le républicain est arrivé à la Maison-Blanche avec son cortège de milliardaires, dont Elon Musk, qui ne cache plus son immixtion dans les affaires des autres États.
Jamais l’on avait vu auparavant tant de richesses concentrées entre les mains d’acteurs privées et avec elles, de tels moyens de nuisance et de dépassement des États. Imaginez que Elon Musk, rien qu’avec son salaire de Tesla, qui s’élève depuis 2024 à 52 milliards d’euros, dépasse le budget annuel du ministère des Armées, s’élevant à près de 44 milliards d’euros.
Un salaire qui dépasse également celui de plusieurs PIB annuel dont celui du Soudan, de la Jordanie ou encore de la Lettonie.
De telles capacités financières, couplées au renseignement étatique fait froid dans le dos.