Le plus ancien armurier de France bientôt sous pavillon belge

Verney-Carron, l’un des plus anciens fabricants d’armes de chasse et de défense et surtout, le dernier fabricant français de fusil semi-automatique, devrait être placé sous le contrôle du groupe belge FN Browning, un acteur mondial majeur.

Ce rachat suscite des interrogations, notamment dans un contexte où le gouvernement et Emmanuel Macron insistent sur le renforcement de la production nationale d’armement.

Fondée en 1820 à Saint-Étienne, Verney-Carron, dont le nom évoque une longue tradition d’expertise et de savoir-faire, traverse une période difficile. Le 12 février dernier, l’entreprise a été mise en redressement judiciaire en raison de problèmes financiers récurrents. C’est alors que FN Browning, basé à Herstal en Belgique, a vu l’opportunité de prendre les rênes de l’armurier français. Le groupe a déposé une offre ferme qui lui permet de devenir actionnaire majoritaire à hauteur de 70%.

FN Browning, déjà propriétaire de marques emblématiques telles que Winchester, est l’un des leaders mondiaux dans l’industrie de l’armement. Avec un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros et un actionnariat majoritairement détenu par la région wallonne, le groupe a vu dans ce rachat un moyen stratégique de renforcer sa présence en France, mais aussi d’accéder à un savoir-faire unique.

Le VCD15 commercialisé par Lebel, de Verney-Carron, sur la base d’un AR15

En dépit des craintes liées à l’entrée d’un acteur étranger dans un secteur aussi sensible, l’acquisition de Verney-Carron peut également offrir de nouvelles opportunités.

« Être adossé à un leader mondial nous donne accès à un réseau de distribution plus large et à des ressources considérables en matière de R&D », explique des sources proches du dossier.

Malgré l’arrivée de Cybergun, acteur français du secteur, au capital de Verney-Carron en 2022, les difficultés financières persistaient. Bien que Cybergun ait promis un investissement de 20 millions d’euros sur cinq ans, seulement 12 millions ont été injectés dans les trois premières années. Désormais, l’avenir de Verney-Carron semble se dessiner sous l’ombrelle du groupe FN Browning, aux côtés de Cybergun et de la famille fondatrice.

L’un des enjeux de cette reprise réside dans le maintien des activités à Saint-Étienne. Verney-Carron, qui emploie 70 salariés et génère un chiffre d’affaires de 5,4 millions d’euros, vient d’ailleurs de signer un contrat de cinq ans avec la police nationale pour fournir des lanceurs de balles de défense (LBD) aux CRS, un marché vital pour l’entreprise. Cette nouvelle orientation vers la défense, couplée à une diversification industrielle, pourrait garantir la survie de l’armurier tout en créant de nouvelles perspectives.

Rappelons qu’en 2021, la France avait refusé de remplacer les Famas par les seuls fusils d’assaut « français », VCD15, commercialisés par Verney-Carron sous le volet défense Lebel, en référence au mythique fusil ayant forgé la réputation de la firme familiale. C’est en effet le groupe allemand Heckler & Koch qui a obtenu la commande de près 120 000 exemplaires du HK416F, abandonnant au passage toute logique d’indépendance et notre souveraineté nationale.

En revanche, le HK416 F est une version très médiocre et le VCD15 l’est tout autant, avec un nombre conséquent de pièces importées. Pour autant, à l’époque il aurait fallu que l’Etat tienne compte de cette réalité et relance la filière stéphanoise afin de produire à nouveau français et non vendre les reliquats de notre industrie à des acteurs étrangers.

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