La France et l’Allemagne misent sur l’armement

Depuis le début de l’année 2025, l’Allemagne a approuvé des exportations d’armements s’élevant à plus de 992 millions d’euros, un chiffre impressionnant révélé par une question écrite du député allemand Sevim Dagdelen. La grande majorité de ces exportations (près de 37 %) a été destinée à l’Ukraine, pays en guerre contre la Russie.

Cette décision a provoqué de vives réactions, car l’Ukraine demeure le principal bénéficiaire des armements allemands. Avec 363,9 millions d’euros en exportations, elle reste de loin le plus grand récipiendaire, suivie par des pays comme l’Estonie (112 millions d’euros) et la Slovaquie (65,5 millions d’euros). L’Allemagne renforce ainsi son rôle d’acteur majeur dans le conflit ukrainien, mais à quel prix ?

Depuis septembre 2023, le gouvernement allemand a mis en place une procédure simplifiée, permettant l’exportation d’armements vers certains pays partenaires via une « autorisation générale ». Cela évite des contrôles stricts et réduit la transparence.

Cela signifie que des millions d’euros en exportations sont désormais envoyés sans nécessiter une approbation individuelle, rendant les flux d’armement moins clairs pour le contribuable et pour les instances de contrôle parlementaires. De plus, ce système permet à l’Allemagne d’autoriser des ventes massives à des pays tiers – en dehors de l’UE ou de l’OTAN – avec peu de visibilité sur la destination exacte de ces armes. En 2025, près de 453,9 millions d’euros ont ainsi été exportés vers des pays tiers comme la République de Corée et Singapour, des acteurs géopolitiques dont le rôle dans la guerre ukrainienne reste flou.

« En alimentant la guerre avec toujours plus d’armes, la politique allemande entrave les efforts de paix. C’est irresponsable d’envoyer des armes en Ukraine au lieu de promouvoir des initiatives diplomatiques pour résoudre ce conflit », a dénoncé Sevim Dagdelen.

L’élue de 49 ans a pointé du doigt le rôle joué par l’industrie de l’armement dans les décisions politiques des gouvernements européens, déplorant ce qu’elle désigne comme étant un « lobbyisme de l’armement dangereux ». Une prolongation d’un conflit in aeternam qui fait les affaires des marchands d’armes, ce qui, sur une courte durée, va augmenter le PIB des Etats producteurs et exportateurs d’armes comme la France et l’Allemagne, mais qui dénote d’un sérieux manque de vision sur la durée et des conséquences sur le reste de l’économie.

Les dirigeants européens ne veulent pas d’une paix en Ukraine parce qu’ils remplissent les carnets de commande de leur complexe militaro industriel.

A contrario, les Américains, savent qu’ils peuvent jouer sur deux tableaux. Contraindre une grande partie des Européens à acheter des armes américaines, via divers leviers d’influence, et obtenir des accords commerciaux avec la Russie, afin d’investir sur un marché riche de 150 millions de consommateur et évidés d’une grande partie de la concurrence étrangère, avant que ces derniers ne finissent par revenir.

Il serait donc préférable pour la France de prendre la mesure du scénario qui se joue et de mener une politique élargie et à long terme. Ainsi, l’on comprendrait qu’il est plus intéressant pour l’économie française de rétablir les relations avec la Russie, d’investir dans le pays et de diversifier la fourniture de gaz et des matières premières.

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