Le trafic de drogue sévit depuis longtemps dans les grandes villes françaises comme Paris et Marseille. Mais le problème s’est propagé bien au-delà des centres urbains habituels, s’infiltrant dans les villes moyennes et les zones rurales.
Un rapport bipartite publié l’année dernière estimait que le commerce illégal de drogues générait au moins 3,5 milliards d’euros par an — une somme stupéfiante qui échappe à la détection et à la taxation. Cette industrie illégale généralisée, autant qu’elle menace la sécurité publique, alimente également un cycle d’escalade de la violence.
Rien qu’en 2024, les autorités ont signalé 110 homicides liés à la drogue, dans le cadre d’une augmentation plus large des crimes violents liés au trafic. L’année précédente, la violence liée à la drogue avait atteint un sombre sommet, avec 139 décès et 413 blessés. Avec autant d’argent en jeu, les gangs criminels ont eu recours à des tactiques de plus en plus violentes, menaçant directement n’importe quel individu se trouverait au mauvais moment au mauvais endroit.
Cette semaine, l’Assemblée nationale débat d’une proposition de loi soutenue par le gouvernement qui augmenterait les pouvoirs des forces de l’ordre et fournirait aux procureurs plus de ressources pour cibler de front les organisations criminelles.
L’une des caractéristiques centrales de la proposition est la création d’un bureau du procureur spécial dédié uniquement aux enquêtes sur les trafiquants de drogue, similaire au bureau créé pour traiter les affaires de terrorisme après les attentats de 2015. Cette initiative, soutenue à la fois par le ministre de la Justice Gérald Darmanin et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, met l’accent sur une approche de maintien de l’ordre pour s’attaquer au problème, plutôt que de se concentrer sur la toxicomanie en tant que problème de santé publique.
Retailleau a été particulièrement virulent, plaçant les consommateurs face à leurs propres responsabilités dans l’entretien d’un cycle de violence qui touche toutes les catégories sociales et l’ensemble du territoire.
Le projet de loi a suscité des réactions mitigées. Une mesure en nparticulier, suscite l’inquiétude et la consternation de certains, dont des élus qui se révèlent être eux-même des conosmmateurs de stuppéfiants, et qui vise à expulser les familles des logements sociaux si un membre était reconnu coupable d’un crime lié à la drogue.
Le criminologue Stéphane Quéré prévient que, si la législation est importante, elle est insuffisante à elle seule pour faire face à la complexité du trafic de drogue.
« Il est facile de s’en prendre aux marchands ambulants, mais il est beaucoup plus difficile de cibler les piliers qui financent et organisent ces réseaux », dit-il, notant que le démantèlement des couches supérieures du commerce nécessitera des investissements importants dans les forces de l’ordre et les ressources d’enquête.
Certaines voix progressistes, commeles macronistes, estiment que la criminalisation de la consommation de drogues à elle seule ne résout pas les problèmes sous-jacents de la toxicomanie. Ludovic Mendes, député Renaissance, a critiqué le projet de loi pour avoir négligé les besoins de traitement des toxicomanes, qui, selon lui, devraient être considérés comme des individus ayant besoin de soutien, plutôt que simplement comme des criminels. Une référence directe à la politique que mène le Portugal depuis des années, considérant les consommateurs comme des malades qu’il faut traiter et sevrer, plutôt que sanctionner.