Réarmement de l’UE : tous flouzés, ou presque

Des milliards pour le réarmement, mais qui va vraiment payer ? La question de l’accès à l’épargne privée pour financer cette offensive est au cœur des discussions.

Les dirigeants de l’Union européenne semblent déterminés à renforcer les capacités militaires, et cette volonté se concrétise par des mesures très dépensières. Les industries de l’armement, de leur côté, ne cachent pas leur enthousiasme. Armin Papperger, PDG de Rheinmetall, s’est réjoui des tensions entre l’Europe et les États-Unis, les qualifiant de « bonnes pour les affaires », tout comme le conflit avec la Russie.

Mais derrière cet optimisme, une question brûlante se pose : comment financer cet « effort de guerre » couplé à « la fin des dividendes de la paix » ?

La Commission européenne et les États membres ont mis sur la table des propositions radicales. Parmi celles-ci, l’utilisation de l’épargne privée des citoyens pour alimenter l’industrie de défense fait couler beaucoup d’encre.

Le président de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a suggéré que l’épargne des Européens pourrait jouer un rôle clé dans cette nouvelle ère de réarmement. Lors d’une interview à France Inter, il a rappelé que l’Europe dispose de vastes réserves d’épargne qui pourraient être redirigées vers des investissements stratégiques, notamment dans le secteur militaire.

Une idée que le Président Emmanuel Macron semble soutenir, comme en témoigne sa déclaration lors de sa dernière allocution télévisée : « Le pays a besoin de vous ».

Au niveau de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, devrait présenter dans les jours à venir un projet d’ « Union des épargnes et des investissements ». Ce programme, selon ses partisans, pourrait stimuler l’économie de la défense tout en renforçant la compétitivité de l’UE en général. Toutefois, il y a de fortes probabilités que ces dépenses ne visent qu’à engraisser, allégrement, les lobbies de l’armement et une élite politique corrompue.

Dans un contexte de réarmement accéléré, la Commission européenne propose également de faciliter les achats d’armements à l’échelle européenne. En collaboration avec les États membres, Bruxelles envisage de devenir un acteur central dans la commande d’armements, une stratégie qu’elle juge plus économique face à la chute des dépenses après la fin de la guerre froide. La Commission viendrait ainsi habillement grignoter ce qui reste de souveraineté des Etats membres, qui se retrouveront privés de la possibilité de commander, par eux même leur armement, sans passer par l’institution européenne.

Dans un autre domaine, l’UE réfléchit à une révision du Pacte de stabilité et de croissance. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a expliqué qu’il pourrait être nécessaire d’exempter les dépenses militaires des règles fiscales actuelles pour « garantir une défense européenne solide à long terme ». Ce projet soulève évidemment des questions : une telle exception ne risquerait-elle pas de fragiliser davantage les finances publiques, d’autant plus à l’heure où Bruxelles menace quiconque ne respecte par les règles d’endettement ?

Nombreux sont ceux qui soulignent que l’armement ne devrait pas être traité comme un secteur exempt des obligations environnementales et éthiques qui concernent les autres industries. En effet, certains projets européens tentent de reclasser l’armement parmi les investissements dits « durables », argumentant que la production de matériel militaire contribue indirectement à la stabilité et à la paix.

L’enthousiasme autour de cette stratégie de réarmement n’est toutefois pas partagé par tous. Michael Brzoska, expert en politique de défense et chercheur à l’Université de Hambourg, alerte sur les dangers d’une course aux armements en Europe. Selon lui, une telle escalade ne ferait qu’accroître les tensions avec la Russie, menaçant d’aggraver la situation géopolitique. Pour le chercheur, la sécurité européenne ne doit pas reposer uniquement sur l’accumulation d’armements, mais sur un équilibre entre défense et diplomatie, notamment par la mise en place de contrôles sur les armements et des initiatives de désarmement.

Des contre-fous évidemment nécessaire alors que les scandales de corruption se suivent au sein des insittutions européennes et que ce type de dépenses n’a jamais été aussi important depuis la construction de l’UE.

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